· 

Conférence et débat sur les labels en agriculture et dans l'alimentation

Suite à notre invitation ce sont 25 personnes qui se sont retrouvées ce vendredi 8 novembre salle des vignes à Arzay Porte-des-Bonnevaux.

 

Objectif de la soirée : donner des clés pour s’y retrouver parmi les nombreux labels qui coexistent, choisir son agriculture et in fine la qualité des aliments que nous souhaitons avoir dans notre assiette.

 

C'est un grand sujet de société qui touche, entre autres, à la préservation de l’environnement, domaine d’action du Collectif Grand Albert, et bien sûr à la santé, mais aussi à l'organisation de notre agriculture et au choix du modèle agricole que nous souhaitons promouvoir.

 

J.Yves Morgantini, agronome et président du Collectif Grand Albert a animé la soirée en deux parties : conférence puis débat.

 

L’accent a été mis sur l’importance d’identifier les facteurs de production des denrées que nous consommons, c'est-à-dire ce qui va permettre de faire pousser les plantes nourricières et de nourrir les animaux d’élevage.

 

Parmi ces facteurs de production il y a ceux qui proviennent de l’agrochimie et que l’on appelle « intrants » : engrais chimiques et pesticides. On les retrouve dans les produits issus de l’agriculture industrielle, modèle dominant de nos jours : label HVE, agriculture raisonnée, agriculture de précision, zéro résidu de pesticides, La Nouvelle Agriculture etc. Ces produits de synthèse sont étrangers aux cycles naturels et provoquent des pollutions, des déséquilibres, et des maladies dans l’environnement, les plantes, les animaux et chez les humains.

 

Et il y a les facteurs de production qui proviennent de la biodiversité et du vivant, que l’on retrouve dans les productions agricoles issues de l’agriculture biologique. La certification Bio permet d’être sûrs qu’il n’ya pas eu utilisation de produits de synthèse industriels comme les engrais et les pesticides, que ce soit la certification Européenne (la feuille verte) ou Française (logo AB)   mais aussi Biocohérence, Nature et Progrès, Demeter.

 

Il est important qu’un label soit porté par un cahier des charges exigeant, facilement consultable (transparent) intégralement respecté par les producteurs et que ces derniers soient régulièrement contrôlés par des organismes certificateurs indépendants.

 

Par exemple, concernant le label HVE - Haute Valeur Environnementale -  le cahier des charges est plutôt complet cependant son application est trop laxiste.

 

Il existe trois niveaux :

 

HVE 1 : Il suffisait de respecter la règlementation concernant l'usage des intrants chimique. Ce niveau a été supprimé en 2023.

 

-HVE 2 : Il suffit de diminuer la fréquence et les doses d'épandage préconisées dans la réglementation. Le niveau 2 donne droit aux aides environnementales spécifiques dites "éco-régimes" de base : 60 €/ha PAC.

Les aides éco-régimes sont des aides européennes versées en fonction des pratiques environnementales respectueuses, en plus des aides de la PAC (Politique Agricole Commune de l’Union Européenne) attribuées à tous les agriculteurs.

 

-HVE 3 : Cahier des charges très complet, mais qu'il n'est pas nécessaire de respecter dans son intégralité.

La certification HVE 3 donne  droit aux aides "éco-régimes" supérieures : 80 €/ha de la PAC. Il suffit de respecter un certain nombre de points du cahier des charges pour obtenir un "note" suffisante. Il est ainsi possible d’être certifié HVE3 et de porter atteinte à l’environnement et/ou à la santé des consommateurs.

 

La cour des comptes a dénoncé, dans un rapport critique, l'illisibilité de ces labels dits "verts" tels que l'HVE.

 

Ils sèment le doute et trompent les consommateurs avec cette appellation qui évoque quelque chose de hautement sérieux !

 

Le label "Zéro résidu de pesticides" existe depuis 2017 mais est très opaque. Le terme zéro pesticide veut dire que le taux de pesticides est inférieur au seuil de quantification et non pas inférieur au seuil de détection ce qui est tout à fait différent et trompeur. De plus cela ne concerne qu'une liste déterminée de pesticides qui n'est pas fournie !

 

Concernant les  labels BIO tout est beaucoup plus clair, exigeant et encadré.
Labels AB(France) et bio européen (la feuille verte étoilée) : la liste des produits autorisés est sans ambigüité, interdiction pure et simple des engrais et des pesticides de synthèse et interdiction des OGM.

 

Les facteurs de production sont issus du vivant : sol riche en humus (activité biologique du sol), variétés locales résistantes aux maladies et aux parasites, rotations longues des cultures, parcelles de petites tailles, semis tardifs peu denses et en mélange, environnement favorable aux auxiliaires, etc.

 

Le contrôle du bon respect du chier des charges européen par le producteur (contrôle qui s'applique aussi au label AB) est assuré par plus d'une dizaine d'organismes certificateurs indépendants.

 

La cour des comptes a établi des rapports élogieux sur ces deux labels.

 

Et pour aller plus loin : les labels Nature et Progrès et Demeter sont encore plus exigeants.

 

La palme revient à Demeter : en plus de tout ce qui concerne le label bio européen : 10% de la surface de l'exploitation consacrée à la biodiversité, nécessité d'avoir ses propres ruminants pour produire le fumier, utilisation de préparations biodynamiques pour orienter les influences planétaires impactant les microorganismes du sol, pas de cuivre ...

 

 

Les labels dits "de qualité" (Label Rouge) et d'origine géographique (AOC AOP IGP) ont également été évoqués :

 

L’identification des facteurs de production n’est pas toujours précisée ou bien de façon partielle et surtout chaque produit a un cahier des charges différent, il faudrait du temps, de la motivation et des compétences pour en faire l’analyse.

 

En conclusion de cette conférence particulièrement documentée et exhaustive, la question qui se pose est : "comment choisir mon agriculture ?"

 

Cela passe par le choix de ce que nous mangeons, des produits cosmétiques et des vêtements que nous utilisons

 

Cela passe par notre bulletin de vote

 

Cela nécessite de soutenir les producteurs et les initiatives locales et de s'impliquer dans les mouvements associatifs

 

Le débat qui a suivi a donné lieu à de nombreux échanges et témoignages dans une ambiance sereine et conviviale.

 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0